[Divers] Partages de Lectures & Ecrits

Rêve ou réalité ?


« Cours ! »

Je me retourne, les yeux écarquillés d’horreur : le chef de train nous poursuit, le souffle court. Je le vois s’approcher de moi. Nous n’allons pas y arriver ! J’ordonne à mes jambes de courir plus vite, loin de cet homme effrayant et chauve. Je l’entends crier dans mon dos, je perçois les battements de mon cœur, la main de mon ami dans la mienne. Dans ce long corridor peuplé de fenêtres, la foule est nombreuses : des couples, des enfants, des adultes déposant leurs filles et leurs fils à l’arrêt de train. La sortie se trouve droit devant. Encore un dernier petit effort ! Me hurle mon courage. Vous y êtes presque ! Les passants s’écartent sur notre passage, ignorant les beuglements du chef de gare. Plus que quelques mètres… Mon ami s’effondre contre la porte, et nous tombons face contre terre.

« Où sommes-nous ? »

Il hausse les épaules : il n’en sait rien. Je ne vois aucune voiture, l’homme furieux qui nous poursuivait à disparu aussi. La terre est verte, brillante, douce. Des fleurs étranges, irréelles, bordent le chemin, d’un orange lumineux. Il vaut mieux revenir sur nos pas ! Peine perdu. Il n’y a plus de porte ! Comment allons-nous quitter cet endroit ? Quelqu’un, quelque chose, nous garde prisonnier ! Ma poitrine se bloque, ma respiration devient lourde, l’air, oppressant.

« Calmes-toi, tu ne crains rien avec moi. »

Ces mots bref suffisent à m‘apaiser. J’observe les alentours, en quête d’une issue, d’une personne qui pourrait nous venir en aide. Rien. Je serre la main de mon ami, puis nous marchons à travers l’allée de mousse, hésitant. A la limite du chemin, quelque chose attire notre attention : une arche en bois avec, en-dessous, une entrée, une immense fleur. Quel paysage magnifique ! Des couleurs d’automne m’inondent les yeux, et les racines des arbres en profitent pour frôler mes chevilles. Tout est silencieux.

« Regarde ! »

La fleur s’ouvre, laissant apercevoir une silhouette féminine. D’une grâce et d’une beauté éclatante, elle ouvre lentement ses paupières. Des yeux verts, brillants, des cheveux roux vif, une peau laiteuse. Et, dans son dos, des ailes transparentes. Voulait-elle nous inviter ? Nous emmener avec elle et ne jamais nous laisser partir ? Je me sens comme attiré par elle, hypnotisé par l’aura qu’elle dégage. Je veux en découvrir plus, lui parler ! Elle a l‘air gentille, avec son sourire et l‘expression douce de son visage. Je nous guide vers la fleur, sa maison, imaginant déjà l’odeur alléchante de la nourriture. Sauf qu’il n’y a rien. A part… Une sensation désagréable, lointaine : le bruit des voitures, la fumée des pots d’échappements qui m’étouffe ! Mon ami et moi, nous contemplons la rue bondée de passant, debout devant les escaliers de la gare. Était-ce un rêve ? Ou mon imagination me jouerait-elle des tours ?